LE MUR ÉTERNEL

Sim Marek commence à faire du graffiti adolescent, sur les murs de son quartier à Tunis. C’est une façon pour lui de montrer son appartenance à ce lieu, un espace précis qui lui est dédié jusqu’à ce que quelqu’un d’autre n’ose se l’approprier. Autant divertissante que dangereuse, cette façon de se montrer présent dans le monde devient, pendant plusieurs années, l’activité artistique principale de Sim Marek. Aujourd’hui, en prenant du recul sur cette époque de sa vie, il revient sur l’importance des murs, supports d’expression et de révolte. 

Même sans compter toutes les modifications externes qu’ils subissent après leur construction, la forme même des murs a toujours une connotation sociale, que ce soit un mur d’une maison, un mur d’un café de quartier, un mur d’un monument historique ou un mur qui sépare deux territoires. Le mur devient alors témoin des événements historiques et sociaux desquels il est spectateur, ou même parfois acteur principal. Sim Marek construit alors des maquettes de murs avec de l’acier, du plâtre, du ciment ; il leur fait subir le passage du temps, puis les immortalise dans de la résine afin de garder éternellement la mémoire qu’ils portent en eux. Ce sont des murs de Tunis, de Paris, du monde qu’il a connu, du passé et du présent.

Un mur protège, un mur isole, un mur sépare. C’est quelque chose de solide, qui paraît indestructible. Mais avec le temps, un mur vieillit, un mur devient fragile, un mur se démolit. 

Un mur est l’image de son quartier. Un mur est riche, un mur est pauvre, un mur est libre, un mur est oppressé. Comme une sculpture antique, qui témoigne de la réalité dans laquelle elle a été créée. 

Un mur reflète un événement politique. Non seulement par sa forme, mais par ce qu’il contient : l’expression libre des gens qui côtoient la rue, pour lesquels il s’agit du seul moyen d’être représentés.