
Biographie
Artiste visuel autodidacte, Sim Marek s’est révélé être un artiste engagé et dérangeant. Né à Tunis le 8 septembre 1989 avec un crayon au bout des doigts, il dessine et esquisse le monde tel qu’il le perçoit. Adolescent, il découvre la culture Hip-hop et remplit les murs de sa ville de ses graffitis et de son univers subversif.
Refusé aux Beaux-arts de Tunis, il apprend sur le tas et expérimente toutes les formes de création qui croisent sa route : graffiti, peinture, dessin, sculpture, tatouage, … En 2010, il fait aussi des études d’audiovisuel et cinéma. Son œuvre multiforme dénonce, avec une touche d’humour grinçant, les excès du capitalisme et de la surconsommation, le racisme et l’extrémisme religieux.
En 2012, après sa participation à la 10e édition des arts fair Tunis, il reçoit des menaces de mort de la part des salafistes tunisiens. Il continue tout de même sa pratique, mène des ateliers de graffiti pour des jeunes partout en Tunisie, promeut ses créations urbaines sur sa chaîne Youtube, applique ses recherches typographiques au monde de la mode en lançant sa propre marque de streetwear, présente ses travaux dans des festivals locaux et internationaux de graffiti et d’art urbain. En 2016, il présente sa première exposition solo Vandarchism, puis collabore en 2017 avec Willis From Tunis pour deux autres expositions : Caricatounsi 5 à Paris et Tawzira à Tunis. Encore une fois, le ton irrévérencieux de ses œuvres n’est pas du goût des extrémistes religieux. Il décide alors de s’installer en France.
Loin des normes et techniques académiques, Sim Marek mélange des inspirations qu’il puise des différentes cultures faisant partie son vécu.
Pour son projet Divinités (2020), il crée un ensemble de déités, sculptures faites d’objets de récupération, afin de dénoncer l’ampleur qu’ont prise le gaspillage et l’écocide. Il expose à la galerie Lalalande, à La Guinguette du Port d’Ivry-sur-Seine (2021), sur les grilles de la Mairie de Paris Centre (2022), à The Caring Gallery (2023), défile avec ses costumes lors du festival 4,3,2,1… au jardin du Palais-Royal (2021), et crée une installation monumentale sur une montagne pour le festival L’ANDART (2023).
Pour son projet Kosmos, il transpose les techniques du tatouage au dessin et crée sur des compositions géométriques. Avec Le mur éternel, il travaille le graffiti et le sketching sur du béton et de l’acier. Il rassemble toutes ces techniques et d’autres qu’il a pu découvrir tout au long de son expérience dans un projet d’exposition de peinture à venir.

Démarche artistique
Artiste contemporain d’origine tunisienne, je travaille à Paris depuis 2017. Ma pratique artistique a été profondément marquée par ma participation active à l’insurrection contre la dictature tunisienne, qui a donné le coup d’envoi à ce qu’il est convenu d’appeler
le printemps arabe (2011). Cet engagement initial se combine à un souci constant d’expérimentation et de rigueur. Formé au creuset d’une pratique du graffiti comme art urbain explicitement politique, mon travail s’est progressivement tourné vers d’autres formes de création : abstraction, assemblage, installation et performance.
Cette pratique de l’expérimentation formelle relève pour moi d’une réaffirmation quotidienne de la liberté sous toutes ses formes. Mon travail se veut fluide et polymorphe : en combinant le vocabulaire visuel des cultures urbaines—et en particulier du graffiti—et de l’art contemporain, mais également le « vandalisme » apparemment anarchique et la logique sérielle, le chaos de l’objet trouvé, voire du détritus, et la rigueur de la composition géométrique, la critique sociale ou environnementale et la symbolique d’une mythologie individuelle.
Ma pratique originelle du graffiti comme réappropriation ludique de l’espace urbain a été marquée, à partir de 2011, par des événements politiques qui en ont profondément modifié la nature et le sens. Il s’agissait de s’inscrire dans le cadre d’une véritable explosion de messages politiques fleurissant sur les murs de villes tunisiennes, devenus espace de liberté où s’élaborait le discours d’une société civile renaissante.
Dès 2012, j’ai ressenti le besoin de combiner cette pratique du graffiti à l’expérimentation de nouvelles techniques et de nouveaux supports : acrylique sur toile aux sujets immédiatement engagés qui m’ont valu l’ire des islamistes tunisiens (2012), projet au long cours se consacré à l’abstraction géométrique et au collage (à partir de 2017), sculpture sur béton, acier ou ciment (à partir de 2017), série de portraits intimistes de compagnons de longue date de la révolution tunisienne (à partir de 2018), assemblages et performances réalisés à partir de détritus plastiques et textiles appelés à devenir les étranges divinités de nos désastres écologiques (à partir de 2020).
Qu’il s’agisse de la dénonciation d’une dictature ou d’une réaction viscérale face à la crise environnementale, mon travail est donc directement en prise avec les contradictions et les soubresauts de nos sociétés contemporaines : afin de les dénoncer et de les transcender en leur opposant l’affirmation constante des possibilités de réinvention et de renouveau qui constituent pour moi le cœur même de la création artistique.
